L'horreur et le chaos à Alger
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Le 2 mai à 6 heures du matin, alors que près d'un millier de dockers musulmans attendaient avec femmes et enfants sur le port d'Alger, en contrebas du front de mer, dans l'espoir d'obtenir une journée de travail, une voiture piégée, chargée de boulons et de ferrailles, explosa dans la foule des chômeurs. Une véritable boucherie. Soixante-deux morts et cent dix blessés graves. Quelques heures plus tard, Belcourt, Climat-de-France et le quartier musulman d'Oran furent soumis à un intense tir de mortier. Les équipes spéciales des deltas s'en donnèrent à coeur joie. Ce jour-là, les attentats de l'O.A.S. firent cent dix tués et cent quarante-sept blessés.
Le 9 mai, Lacoste, ses gendarmes et la « mission C » arrêtèrent huit des onze membres du plus « actif » des commandos Delta, responsables de l'attaque des gardes mobiles sous le tunnel des facultés, du harcèlement de Champ-de-Manoeuvre et surtout d'exécutions de nombreux musulmans. Mais le lendemain, 10 mai, dans le centre d'Alger, sept femmes de ménage, sept « fatmas », furent abattues d'une balle dans la nuque alors qu'elles allaient travailler dans des foyers où elles faisaient partie de la famille ».
Quelques jours auparavant, l'héroïsme des pompiers d'Alger qui — pieds-noirs pour la plupart — faisaient leur devoir avec un courage que l'on ne saluera jamais assez, avait empêché un drame atroce. Des commandos de l'O.A.S. qui avaient volé un camion-citerne rempli de 16 000 litres d'essence l'avaient transporté sur les hauts d'Alger, puis l'avaient précipité, direction bloquée, vers la Casbah, espérant que les nappes d'essence enflammée se déverseraient sur l'antique quartier turc surpeuplé. L'intervention des pompiers sauva la Casbah de la catastrophe, mais l'explosion de la citerne tua deux d'entre eux.

assassinat fatma oas

C'en était bien fini de l'honneur que de nombreux membres de l'O.A.S. voulaient défendre en s'engageant dans les rangs de l'organisation à la fin de 1961.
Devant tant d'horreur, devant tant de crimes aveugles, les départs s'accentuèrent malgré l'interdiction de l'organisation. Il fallait fuir le chaos sanglant avant la catastrophe finale. Mais c'est surtout à l'intérieur de la ville que d'innombrables Algérois se déplacèrent. L'apartheid rêvé par certains illuminés de l'O.A.S. se réalisait. Les musulmans qui habitaient Champ-de-Manoeuvre, El-Biar et à la limite des quartiers européens fuirent en hâte. Ils croisèrent les Européens de Belcourt et des quartiers périphériques mixtes. Chacun avait ramassé ses biens les plus précieux, abandonnant meubles, télévision et réfrigérateur. Un véritable no man's land s'établit entre le coeur de la ville — européenne — et les quartiers concentriques devenus totalement musulmans.

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